Bien protéger ses vergers du gel et chiffrer le surcoût
Avec le dérèglement climatique, les risques de gel augmentent. Protéger ses vergers devient encore plus nécessaire. Quelle que soit la méthode choisie, cette protection a un coût, qui doit être intégré dans le prix de revient.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« L’aspersion sur frondaison reste la méthode de protection la plus efficace. L’eau, en se transformant en glace, libère des calories qui permettent de gagner 3,5 à 4°C. Mais le débit nécessaire atteint 40 m³/ha/h, voire plus s’il y a du vent », relève Jean-François Berthomieu, de l’Association climatique de la moyenne Garonne. Une fois qu’on a lancé l’aspersion, il faut avoir assez d’eau pour aller jusqu’au bout de la nuit. « Si le débit n’est pas suffisant pour protéger toute la surface, il vaut mieux se concentrer sur les parcelles les plus gélives et constituer des réserves afin d’être sûr d’avoir assez d’eau », conseille-t-il.
Des sols et des arbres adaptés
Cette méthode convient bien aux vergers en haie fruitière. Avec des arbres en gobelet, le poids de la glace risque de faire casser les branches. « On peut alors utiliser l’aspersion sous frondaison. La glace se forme sur l’enherbement. Le débit nécessaire n’est que de 12 à 20 m³/ha/h, mais le gain de température, quant à lui, n’est plus que de 1,5 à 3°C », précise-t-il. Les sols doivent être assez drainant pour évacuer rapidement l’eau. C’est particulièrement important pour les espèces de fruits à noyau ou les kiwis, très sensibles à l’asphyxie racinaire. « Dans ce cas, il vaut mieux cultiver les arbres sur butte. »
Si les vergers sont irrigués au goutte-à-goutte, l’installation d’un second réseau avec plus de débit est souvent nécessaire pour alimenter les asperseurs antigel. En fonction des équipements communs aux deux réseaux, l’investissement varie alors entre 2 500 et 14 000 €/ha.
Une tour à vent pour 3 à 6 hectares
Les tours à vent assèchent la végétation, qui résiste ainsi mieux au froid. « On peut gagner jusqu’à 3,5°C avant l’apparition des dégâts du gel », relève Jean-François Berthomieu. Le brassage de l’air sur 10 à 12 m de hauteur, s’il y a des couches plus chaudes, permet de gagner 0,5°C de plus. « On peut aussi mettre des bougies ou des chaufferettes en périphérie pour améliorer l’efficacité. »
Ces tours à vent permettent de protéger 3 à 6 ha en fonction de l’intensité du froid. « Les parcelles doivent être groupées et pas trop en pente », note Nicolas Drouzy, du syndicat des fruits de Savoie. Pour ne pas avoir de problèmes de voisinage, mieux vaut éviter de les positionner à côté d’habitations, même si les modèles récents sont moins bruyants que les anciens. Leur coût moyen se situe autour de 60 000 €. Dans certaines régions, il y a des aides. « En Auvergne-Rhône-Alpes, elles peuvent atteindre 50 à 80 % », précise Isabelle Ladet, de l’association Fruits plus.
De 250 à 500 bougies par hectare
Bougies et chaufferettes permettent de réchauffer les végétaux dans un rayon de 5 à 10 m, mais demandent de la main-d’œuvre pour les positionner à l’avance dans les vergers, ainsi que pour les allumer. En fonction de l’intensité du froid attendu, la densité varie entre 250 et 500 bougies par hectare. Leur durée de protection dépend de la quantité de combustible. Des bougies de 6 litres qui durent 10 h par exemple, coûtent 10 € l’unité. Avec les chaufferettes, la densité n’est que de 50 à 100 à l'hectare. Plus chères à l’achat, celles-ci peuvent ensuite être rechargées en pellets.
Des outils pour piloter
Afin d’être efficaces, ces moyens de lutte doivent être déclenchés au bon moment. « Il est indispensable d’avoir un réseau de capteurs avec des thermomètres à température humide ainsi qu’un système d’alerte », souligne Nicolas Drouzy. Le seuil d’alerte programmé doit laisser le temps de réagir, de mobiliser du personnel si c'est nécessaire et de mettre en route les équipements.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :